-
- Qu’est-ce qu’un pédé ? Au-delà de l’injure et du langage, pédé implique des violences spécifiques. Si certains se réapproprient le stigmate, se dire pédé n’est pas une trajectoire homogène. Plus qu’orientation sexuelle, pédé serait-il un genre ?29 avril • 59 min
- Surveillée et criminalisée jusqu’en 1982, l’homosexualité masculine est passée avec le temps de fléau social à population à protéger, du moins officiellement. Quel impact sur les imaginaires politiques gays et sur ce qu’on nomme l’homonationalisme ?30 avril • 59 min
- En France comme aux Etats-Unis, les élans homosexuels révolutionnaires des années 70 vont être percutés de plein fouet par le néolibéralisme puis par l’épidémie de sida. Comment, alors, se transmettent aujourd’hui ces mémoires utopiques effacées ?1 mai • 59 min
- Face aux différents défis présents et à venir, le besoin de communauté se fait de nouveau sentir. Comment (re)faire corps aujourd’hui ? Où sont donc passés les pédés ? Comment reconstruire un mouvement politique pédé ou réinvestir les luttes ?2 mai • 58 min
À propos de la série
Pour LSD, Camille Desombre poursuit sa quête de repolitisation des homosexualités masculines et donne à entendre un chœur de voix pédées. Entre passé, présent et futur, du je au nous, qui sont les pédés et qu’ont-ils encore à apporter au monde ?
Avertissements : certains propos de ce programme peuvent heurter les oreilles sensibles. Le mot « pédé », employé par les militants homosexuels depuis les années 70 dans une logique de réappropriation et retournement de l’injure, désigne ici une perception radicale ou révolutionnaire de l’homosexualité masculine de la part des premiers visés par cette insulte.
Pédé, tapette, tarlouze, fiotte, enculé : sans doute, aujourd’hui encore, les insultes les plus répandues dans la cour de récré, poussant encore trop souvent au suicide de jeunes garçons comme Lucas, 13 ans, en janvier 2023. Mais pédé est aussi synonyme d’un héritage militant foisonnant issu de la gauche radicale, une histoire de luttes révolutionnaires effacées.
Alors que des gays continuent d’être tués dans l’indifférence générale, que des personnes ouvertement homosexuelles accèdent à des fonctions régaliennes et que la part la plus visible de la communauté gay semble se droitiser voire s’extrême-droitiser chaque année davantage, l’émergence d’une parole collective pédée semble plus urgente que jamais. Car les pédés, politiquement, sont devenus inaudibles, semblent même avoir disparu.
En 2024, penser avec le mot pédé a-t-il toujours un sens ? Peuvent-ils encore, depuis la marge, changer le monde, repenser l’ordre social, réinventer la masculinité ? Et s’il était justement nécessaire d’interroger les spécificités de cette position sociale et son histoire afin d’en réaffirmer les potentialités révolutionnaires, de chercher de nouveaux horizons d’émancipation ?
Mêlant récit à la première personne, reportages, lectures et archives, elle donne à entendre la quête par son auteur d’une communauté politique perdue avec un regard critique, de la tendresse et de l’humour. Aller-retour entre le « je » et le « nous », passé, présent et futur, la série est un chœur de voix de près de cinquante pédés de tous âges, genres et horizons, qui donne à voir les différentes facettes de cette communauté, et tente de refabriquer du collectif autour de ce mot.
Du retournement du stigmate aux violences faites aux corps pédés et leur place dans les rapports de genre, de la criminalisation de l’homosexualité masculine en France à la tentation policière d’une partie de la communauté gay, des héritages radicaux des années 70 balayés par le sida à la perte de transmission militante causée par l’épidémie, jusqu’au besoin de refaire communauté au présent et au pluriel, la série décrypte les homosexualités masculines sous un prisme sociopolitique, tente de démêler les nœuds et d’interroger les échecs, et dessine les contours d’un mouvement pédé des années 2020 pour faire face aux nombreuses urgences politiques contemporaines et à venir.
Une série documentaire de Camille Desombre, réalisée par Gilles Blanchard.