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À propos de la série
Pour LSD, Delphine Morel part à la rencontre de Tahiti et des îles de la société. Elle tente une relecture du voyage de Bougainville, de découvrir qui était Ahoturu et quelles étaient ses motivations.
Le premier contact en Avril 1768 entre Bougainville et les habitants d’Otahitee, a donné naissance au mythe de Tahiti si prégnant dans l’imaginaire européen et cette série propose de retourner aux sources et de rétablir la vérité humaine de cette première rencontre. Je m’appuie sur des entretiens réalisés avec des historiens et des anthropologues de l’histoire du Pacifique mais aussi sur la participation d’hommes et de femmes Mao’ hi qui ne veulent plus voir leur histoire écrite seulement par les Européens.
Bougainville est passé à la postérité avec l’édition du "voyage autour du monde" qui n’a cessé d’être réédité depuis 1771 mais Ahoturu est tombé dans l’oubli. Bougainville dit que le Tahitien avait mis son voyage en strophes cadencées et qu’il était très doué à cet exercice. Ahoturu est tombé dans l’oubli et pourtant son histoire est un vrai révélateur de la curiosité des lumières pour les sociétés extra-européennes. Un des champs de tension qui anime l'historien Antoine Lilti est de comprendre jusqu’à quel point l’intérêt des savants du monde des lumières pour les sociétés extra-européennes témoigne d’un désir de connaissance désintéressée ou révèle déjà l’instrument de la domination européenne.
Pendant le voyage de retour vers la France, Ahoturu a informé Bougainville qu’un autre bateau étranger est arrivé à Tahiti 10 mois avant les Français et Bougainville comprend que son rival anglais Samuel Wallis l’a précédé. Les voyages d’exploration à l’époque étaient des missions hautement stratégiques, l’itinéraire était tenu secret car la rivalité entre la France et l’Angleterre était au plus haut. Dans les archives du duc de Choiseul, alors ministre des affaires étrangères de Louis XV, des papiers attestent d’un volet confidentiel confié à Bougainville. Une fois dans le Pacifique, les Français avaient pour mission de remonter vers la Chine et de repérer des territoires pour y installer des comptoirs. D’ailleurs Bougainville n’est sans doute pas arrivé par hasard à Tahiti car un espion à Londres lui avait donné des informations sur la route de Wallis. Wallis arrive en 1767. Bougainville, lui arrive en Avril 1768 et en 1769, c’est le capitaine James Cook qui accoste à Tahiti. Les habitants ont du trouver que cela faisait beaucoup de monde en très peu de temps !
Ces quatre épisodes construisent un itinéraire de 1768 jusqu’à aujourd’hui qui tente de rétablir une vérité humaine sur les premiers contacts entre les insulaires et Européens, convoque la mémoire de ce passé tout en questionnant la présence actuelle française dans le Pacifique. Ce qui m’intéresse, c’est de donner à comprendre comment s’élabore un travail historique et anthropologique quand il cherche à opérer une relecture d’une série d’évènements historiques ancrés dans l’imaginaire occidental. Cette série documentaire réalise une immersion dans le travail de ceux qui produisent des connaissances nouvelles, une immersion aussi dans le monde polynésien avec les messages d’Air Tahiti Nui, le bruit des vagues et du vent, les conversations en Mao’hi, les échanges autour de la création du récitatif contemporain d’Ahoturu.
Une série documentaire de Delphine Morel, réalisation Nathalie Battus, soutenue par brouillon d’un rêve de La Scam
Musique originale : Collectif Quinzequinze
Composition originale du récitatif Ennio Neagle