Pierric Bailly : "Ce qui m'intéresse le plus, c'est d'essayer de traduire tout ce qui nous traverse"

"D’abord ce nom, Alexandre Perrin, et un peu plus loin ce geste étrange et criminel, un coup de planche. La coïncidence me fait rire sur le moment. Quand je dis que j’en ris, c’est de son rire à lui, bien sûr. L’affaire s’est déroulée dans les environs de Lyon, l’article prétend que le coupable s’est rendu après vingt-quatre heures à se cacher dans la nature. Non, vraiment, je n’y crois pas une seconde, je n’ai aucun doute sur le fait qu’il s’agisse d’un homonyme. Alexandre Perrin, c’est tout de même très commun. Et puis ce genre d’histoire ne lui ressemble pas du tout. Avant d’aller me coucher, je dépose le journal en haut de la pile et je n’y pense plus jusqu’à la visite d’Héloïse, le week-end suivant." - La foudre

John, un berger, tombe amoureux de la femme d'un ancien copain de classe en prison pour meurtre. Nous avons donc à livre planter dans la nature le Jura, avec des accents de roman noir et une histoire d'amour, disons, complexe. Mais ce qui fait avancer l'action de manière pernicieuse, c'est l'amitié. L'amitié devenue détestation de John au temps du lycée pour le futur taulard. Et même cette amitié rompue des années après, elle continue de dicter la vie de John jusqu'à le conduire à cet adultère. C'est un sujet finalement qui est relativement peu traité. L'amitié.

"Le premier modèle du narrateur, c'est son grand-père. Une figure assez classique qui va lui apprendre la faune et la flore, l'initier aux montagnes dans lesquelles il grandit. Et ensuite, au lycée, il fait la rencontre d'un homme qui propose un autre modèle de masculinité qui est beaucoup plus sensible, plus doux, qui est très brillant scolairement, comme s'il avait besoin des deux."

La complexité 
"Je crois vraiment que la vie est de ce côté-là. L'idée de la vérité est beaucoup plus dans le trouble, dans la complexité que dans les idées arrêtées. Et j'aime aussi que les personnages ne soient pas tout en puissance, tout en maîtrise, et qu'ils fassent état de leurs doutes, de leurs peurs, de leurs hésitations, de leur fragilité. Et peut-être que c'est ça aussi qui permet l'accès à la complexité."

Le Jura comme décor
Pierric Bailly y est né, y a grandi, en est parti pour y revenir. Et s'il vit aujourd'hui entre Lyon et Clairvaux-les-Lacs, son Jura natal est souvent un personnage de ses romans.
En 2008, après avoir abandonné Montpellier et ses études de cinéma, et s'être réinstallé près de sa famille, et alors qu'il travaille en usine, il écrit la nuit un roman qui a pour cadre les environs de Clairvaux et met en scène une bande d'adolescents en proie à la dérive. "Polichinelle" sera publié dans le cadre de la rentrée littéraire 2008. La plupart des journaux le considèrent comme l'un des premiers romans les plus époustouflants de cette saison.
En 2017, L'Homme des bois, son 4e roman est récompensé par le premier Prix Blù Jean-Marc Roberts
La Foudre est son 7e roman, toujours chez P.O.L.