Au menu du journal des sciences : les habitudes de sommeil en fonction des âges, des nuits de moins en moins étoilées, la disparition de la neige dans les Alpes et la mesure de la force des paresseux.
Un jeu vidéo pour estimer les habitudes de sommeil dans le monde entier
Il s’agit du jeu vidéo Sea Hero Quest, développé en 2016, initialement pour contribuer au dépistage de la maladie d'Alzheimer. Car l’un des symptômes précoce de la maladie est la désorientation spatiale. Seulement, il n’existe pas d’examen standard pour l’évaluer. Le but de l’application est donc de faire passer un test d’orientation spatiale où l’on dirige un petit bateau. Et elle récolte aussi certaines informations annexes, si les participants le souhaitent bien sûr… comme l’âge, le genre, la nationalité, le niveau d’éducation, des facteurs dont on sait qu’ils ont une influence sur les performances de navigation.
Et là je ne vous ai toujours pas parlé de sommeil mais cela arrive… Le jeu a rencontré un énorme succès : plus de 4 millions de personnes de tous les pays du monde y ont joué, ce qui en fait une base de données unique pour la recherche scientifique ! Alors des chercheurs ont décidé de poser davantage de questions aux participants… notamment sur la durée de leur sommeil. La question était la suivante : d’après vous -et c’est donc assez subjectif puisque c’est de l'auto-évaluation- combien d’heures dormez-vous par nuit en moyenne ?
Résultat sur les 730 000 répondants adultes de 63 pays, la durée de sommeil évolue en trois phases distinctes. Et cette évolution est commune au monde entier.
Entretien avec Antoine Coutrot, chercheur CNRS au LIRIS, le laboratoire d’informatique en image et systèmes d'information à Lyon et co-auteur de l’ étude.
LES MATINS DE CULTURE - 852 JDS /02 ITW Antoine COUTROT
1 min
Les nuits étoilées sont en train de disparaître à cause de la pollution lumineuse
Et c’est un phénomène plus important qu'on le pensait, tout simplement parce que la plupart des estimations de la pollution lumineuse, sont faites à partir de satellites, qui ont un défaut : ils ne distinguent pas toutes les longueurs d’onde, en particulier la lumière bleue émise par les LEDS, alors que ces diodes remplacent progressivement les anciennes ampoules.
Donc cette fois, les scientifiques ne se sont pas servis d’instruments, mais des yeux des citoyens et citoyennes, avec un projet de sciences participatives nommé “Globe at night”. Les amateurs.trices ont donc surveillé le ciel entre 2011 et 2022 en rapportant plus de 50.000 observations d’étoiles. Ce qui a permis aux chercheurs de l’Université de Saint Jacques de Compostelle en Espagne de déterminer la brillance du ciel.
Résultat, cette brillance a augmenté de 10% chaque année… et a doublé en moins de 8 ans. Et plus le ciel devient brillant, moins il permet l’observation d’étoiles la nuit… Les étoiles disparaissent donc sous nos yeux. Et la pollution lumineuse n'affecte pas seulement nos observations nocturnes, les auteurs soulignent qu’elle a aussi un impact environnemental fort notamment sur les comportements de la faune.
La couverture neigeuse diminue dans les Alpes
La couverture neigeuse, c’est la durée pendant laquelle la neige persiste au sol. Pour l’estimer, les chercheurs et chercheuses de l’Université de Padoue en Italie sont remontés dans le temps, en étudiant la cerne des arbres… c’est ce qu’on appelle la dendrochronologie…la durée de persistance du manteau neigeux a un influence sur la largeur des cernes… Au total plus de 500 arbustes de genévriers ont été étudiés. Et l’avantage de cette technique, c’est de pouvoir remonter bien avant les relevés météorologiques.
Résultat, la couverture neigeuse actuelle a diminué de 36 jours par rapport à la moyenne à long terme, du jamais vu au cours des 6 derniers siècles. L’épaisseur du manteau neigeux a également diminué de près de 8% par décennie entre 1971 et 2019. L’auteur principal de l’étude Marco Carrer indique au Figaro qui relaie l’information, que cette baisse de la couverture neigeuse provient du fait que “la neige arrive de plus en plus tard et fond de plus en plus vite”.
Les paresseux ont beaucoup de force, surtout du côté gauche
Personne n’avait jusqu’à présent mesuré cette force de préhension chez cet animal. Pour le faire, des chercheurs et chercheuses de l’Institut de Technologie à New York ont utilisé une sorte de manche à balai, coupé en deux dans la longueur, celui-ci est fixé à un cadre en bois et relié à une plaque de mesure de la force. 5 paresseux à gorge brune, une espèce d’Amérique centrale, sont passés sur cette machine.
Résultat, leur force peut atteindre 100% voire 150% de leur poids corporel… soit environ 4.5 kg… ce qui est deux fois supérieur aux humains et aux primates pour un poids équivalent. Et surprise de cette étude, cette force est plus importante du côté gauche, sans que l'on puisse pour l'instant l'expliquer, alors que les primates ont tendance eux, à favoriser leur côté droit.
C’est une petite étude, avec peu d’animaux étudiés, mais selon les auteurs, cette force doit particulièrement importante pour se maintenir dans les arbres, car compte tenu de la lenteur de l’animal, s’il venait à tomber, il serait trop lent pour pouvoir s’agripper à un autre élément de son environnement… alors qu’en ayant une force plus importante, même avec moins d’agilité, le paresseux enserre mieux sa prise.
Merci à Antoine Coutrot pour ses précieuses explications
Pour aller plus loin
L’étude sur la durée de sommeil à travers le monde (Nature Communications, en anglais)
Une cartographie internationale du temps de sommeil rendue possible par un jeu vidéo (Communiqué de presse, CNRS)
Détecter plus tôt Alzheimer grâce à un jeu vidéo (The Conversation)
Réchauffement climatique : les Alpes ont perdu 36 jours de couverture de neige, selon une étude (Le Figaro)
L'étude sur la couverture neigeuse des Alpes (Nature Climate Change, en anglais)
Les paresseux ont une force de préhension deux fois supérieure à celle des humains et des autres primates (New Scientist)
L'étude sur les paresseux (Journal of zoology, en anglais)
L'équipe
- Production