Vivaldi, la star du baroque qui a failli passer à la trappe

Antonio Vivaldi, le compositeur qui a failli tomber dans l'oubli
Antonio Vivaldi, le compositeur qui a failli tomber dans l'oubli
Vivaldi, le compositeur qui a failli être oublié - Culture prime
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Vivaldi, la star du baroque qui a failli passer à la trappe

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C’est l’un des plus grands compositeurs européens, pourtant ses œuvres auraient pu ne jamais arriver à vos oreilles. Il a fallu attendre le début du XXe siècle pour qu’un musicologue s’intéresse à Antonio Vivaldi et lui redonne une nouvelle popularité.

À la fin du XVIIe siècle en Italie, plus précisément à Venise, le père du petit Antonio Vivaldi commence une activité de barbier puis devient violoniste. Il transmet cette passion à son fils, à qui il donne aussi sa chevelure rousse. Ce qui lui vaudra le surnom de “prêtre roux”.

“Le prêtre roux”

A 25 ans, Antonio Vivaldi entre dans les ordres et devient en même temps un virtuose de la musique. Il est recruté comme maître de musique de la Piéta, un établissement religieux pour orphelines à Venise où l’enseignement musical est important. C’est là qu’il modernise le concerto : une forme musicale où le soliste joue sur le devant de la scène la partie principale du morceau. Il en composera plus de 500 au cours de sa vie.

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Le succès est au rendez-vous : “Vivaldi fait partie des compositeurs qui étaient reconnus et très reconnus en leur temps, précise Karol Beffa, compositeur et musicologue. Il l’était peut-être davantage, par exemple, que Bach, qui avait beaucoup d'admiration pour son œuvre. Grâce à l'essor de l'édition musicale, il a été rapidement très connu dans toute l’Europe.

Effet de mode

À tel point qu’il se vante de côtoyer des dirigeants européens. L’empereur d’Autriche l’invite à une joute instrumentale contre l’un de ses protégés. Preuve que Vivaldi pèse dans l’univers musical de l’époque. Mais à l’approche de ses 60 ans, son aura décline. Sa musique n’est plus dans l’esprit du temps. La mode napolitaine remplace petit à petit la musique vénitienne. Le compositeur tente d’éponger aussi de nombreuses dettes.

Il quitte Venise pour s’installer à Vienne, où il meurt dans l’anonymat comme la plupart de ses œuvres. Car Vivaldi est “passé de mode” comme l’explique Karol Beffa. “À la fin du XVIIIᵉ siècle et surtout au début du XIXᵉ siècle, on joue essentiellement de la musique contemporaine, et très peu de musique du passé.

À partir des années 1820-1830, des compositeurs fouillent dans les archives, comme Mendelssohn qui redécouvre la Passion selon Saint Matthieu de Bach, explique Karol Beffa. Mais la chose ne prend pas pour Vivaldi. “Il faut attendre la fin du XIXᵉ siècle et en fait plutôt le début du XXᵉ siècle pour que sa musique soit remise au goût du jour”, précise le spécialiste. Car Vivaldi ne tombe pas totalement aux oubliettes.

Une thèse qui a tout changé

En 1913, le musicologue français Marc Pincherlé lui consacre sa thèse. C’est le premier travail de recherche complet sur le compositeur, détaille Karol Beffa. “Il se documente, il essaie d'en savoir plus sur les jalons de ses étapes créatrices qu'on connaissait assez mal. Et donc, tous ces pans de son existence qui restaient mystérieux, énigmatiques, incertains, vont être en grande partie comblés.

Les travaux de Marc Pincherlé vont inspirer des musiciens. Deux compositeurs : Gian Francesco Malipiero et Alfredo Casella, veulent faire revivre la musique du passé. Et pour commencer, ils se penchent sur celle de leur pays : l’Italie. Dès les années 1920, la musique du XVIIe et du premier XVIIIe siècle sont mises à l’honneur. “On s'intéresse aux formes, on essaye d'affiner la connaissance qu'on pourrait avoir de l'instrumentation de cette période. Ce n'est pas encore le grand mouvement des baroqueux, qui commence, on peut dire à partir des années 1950, mais c'est quand même une redécouverte du répertoire ancien et Vivaldi en sort grandi”, précise Karol Beffa.

Un enregistrement, un vinyle : Vivaldi super star

La redécouverte des œuvres et de la vie de Vivaldi se poursuit de l’autre côté de l’Atlantique. En 1947, au Carnegie Hall de New York se prépare un enregistrement qui va marquer l’histoire de la musique. James Fassett, le directeur de la musique de la radio CBS, appelle le célèbre violoniste Louis Kaufman. Il lui propose d’enregistrer Les Quatre Saisons de Vivaldi. Mais l’œuvre baroque est encore très confidentielle et l’introduction du disque vinyle va tout changer.

La Concert Hall Society y voit une opportunité et distribue le 33 tours. Et c’est un succès : la même année, il est couronné du grand prix du disque. Les Quatre Saisons font le tour de la planète et Vivaldi retrouve la popularité qu’il avait au début du XVIIIe siècle. “On a affaire à une musique étonnamment dynamique, avec un don mélodique hors du commun et peut- être, une des choses qui font qu'elle est aujourd'hui incroyablement populaire, c'est que c'est une musique qui, pour l'essentiel, tourne le dos au contrepoint, à l'enchevêtrement des voix, à la polyphonie”, analyse Karol Beffa.

L'œuvre est utilisée à toutes les sauces. On la retrouve dans des publicités pour voitures, pour de grandes enseignes, dans certains films comme Pretty Woman, et elle a même été transformée en sonnerie dans nos téléphones portables. La reconnaissance ultime pour un compositeur de musique classique.

Musicopolis
25 min
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